Je suis née un 5 mai 1991 à Busan dans le Sud de la Corée, une des plus grandes villes de Corée après Séoul. Seulement, je ne me souviens que très peu de ma vie là-bas et notamment de mes parents. En fait, je ne me souviens que de cette nuit, celle où dans mon lit, j’ai senti cette chaleur et cette odeur de brûlé. J'avais 5 ans à l'époque et c'est marrant, je ne me souviens que de ça, parfaitement. Quand j'y pense, j’ai l'impression de revivre tout. Au début, je n'ai pas paniqué, mais quand j'ai entendu les cris de ma mère, ses cris de désespoir m’appelant. J’étais petite mais je sentais qu'elle avait peur, qu’elle pensait peut-être que j'étais morte. Alors, mon réflexe a été de pleurer, de hurler « Maman » tout en pleurant, pour lui faire comprendre que j'étais là, mais la fumée était tellement intense que je ne me souviens pas de l'avoir vu entrer et me prendre de ses bras, cette partie-là reste flou. Je me rappelle parfaitement le son de son cœur qui battait plus vite que d'habitude dans mes oreilles, le bruit d'une porte qui s'ouvre, le bruit soudain d'une planche de bois qui craque et ma mère qui tombe, m’entraînant dans sa chute. Moi, pauvre petite-fille paniquée, je me retrouvais là, assise par terre sans une égratignure en pleurs, secouant le bras de ma mère en l'implorant de me répondre mais elle restait muette, elle ne bougeait pas. Alors il m'est venue à l'esprit d'appeler mon père, mais lui aussi ne répondait pas. La fumée se faisait plus oppressante et l'oxygène venait à manquer, mais je continuais de pleurer, je ne comprenais pas ce qui se passait. Je me suis évanouie juste au moment où j'ai senti quelque chose me tomber sur le crâne. Voilà tout ce dont je me rappelle de cette nuit. Je suis restée un long moment dans le coma, Je ne m'en souviens absolument pas de cette absence. Je me souviens juste d'avoir parlé avec mes parents. Mes parents ont péri ainsi, dans les flammes, j’étais la seule survivante, je n'avais pas de famille, j’étais maintenant une orpheline. J’ai vécu jusqu'à mes 8 ans dans un orphelinat, jusqu'à ce que mes parents actuels viennent me chercher. Dès le premier jour, je les ai aimé. J'ai voulu totalement oublié mes vrais parents. J'ai reporté toute mon attention sur eux. J'étais heureuse, j'avais une nouvelle famille, je vivais maintenant à Séoul. Nous n'étions pas riches, mais nous n'étions pas pauvres. Maman ne m'a jamais caché que j'avais été adoptée, mais elle m'a toujours dit que j'étais sa fille pour elle et pour moi, même si nous n'avions pas le même sang. Mes parents étaient mes parents. Je crois qu'elle avait peur qu'après la naissance de mon petit-frère, je pense qu'ils ne m'aiment plus. Mais ce n'était pas le cas et puis moi et Ji Hyuk n'avions que 2 ans de différence, alors je n'avais pas vraiment le temps de me rendre compte de la différence. En fait toute mon enfance se passa bien, sauf le collège. Je crois que j'ai vécu les pires années de ma vie là-bas. Je ne compte pas le nombre de fois où on est venue me dire que je n'étais rien pour ma famille, que j’étais bizarre car je parlais parfois seule. Ce n’est pas que je parlais seule, je parlais à des gens qu’eux, ne pouvaient voir, puisqu’ils étaient mort. Il m’a fallu du temps pour accepter ma nature et mon don de médium.
Il faut dire que la première fois que j’ai pris conscience de mon don, ce n’était pas de tout repos. Vous voyez, comme dans les films. J’étais avec mon frère, on revenait d’une séance de cinéma tard le soir. En passant dans l’une des grandes rues de Séoul, nous sommes tombés nez à nez avec les pompiers et les Urgences. Un accident violent avait eu lieu. Les pompiers étaient en train de dégager deux corps des cadavres des voitures. Mais ce qui attira mon attention, c’est la jeune femme qui se tenait debout à côté de son corps, se regardant comme si elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi elle se trouvait hors de son corps. Je suis restée stupéfaite un long moment, jusqu’à ce qu’elle se rende compte que je pouvais la voir. Elle s’est approchée de moi, m’a observé durant quelques secondes avant de me demander de dire à ses parents qu’elle était désolée et qu’elle les aimait. Puis, comme par magie, elle disparut. A partir de ce moment ma vie n’a jamais pu être la même. Il a fallu que je m’habitue à ses apparitions soudaines que je ne pouvais pas contrôler. Ma vie d’adolescente n’a pas été de tout repos. Je ne pensais pas qu'on pouvait être aussi méchant. Que l'on s'attaque à moi ne me dérangeait pas, mais qu'on s'en prenne à mon petit-frère ne me plaisait pas du tout ...Il n'a jamais voulu me dire ce qu'il avait subi mais il avait subi assez de choses pour un soir me dire que je n'étais pas sa sœur et qu'il me détestait. Je crois que c'est là que tout a changé, mon petit-frère - même si il ne l'était pas, pour moi il l’était - venait de me dire qu'il me détestait. J'ai eu une réaction stupide, je me suis enfuis de la maison, m’excusant d'être un si lourd fardeaux pour Ji Hyuk, je ne pensais pas qu'il se mettrait à me chercher dans tout Séoul. J'ai disparu pendant 1 bonne semaine, c'était la pire de toute ma vie et je n'arrive toujours pas à expliquer ce qu'il m'est arrivée durant cette semaine, je ne veux plus y penser, juste penser au moment où Ji Hyuk m'a trouvé assise sur un banc dans un parc et qu'il a couru vers moi en hurlant « Noona » avant de me prendre dans ses bras et de pleurer, mon frère, il pleurait et il me disait qu'il m'aimait. Je suis rentrée avec lui, mes parents m'ont serré dans leurs bras. Je regrettais tellement d'avoir fait ça et bien qu'il semblerait que rien n'est changé, il y avait bien des choses qui avaient changées en moi. Ce don était à la fois une malédiction comme une bénédiction. Je voulais en tirer le meilleur, malgré les difficultés que j’ai eu à l’adolescence et dans ma famille à cause de celui-ci. J’avais appris à faire avec. Je ne voulais pas être le cliché de la fille qui reste dans son coin, qui a peur de tout. Non, je voulais faire comme Mélissa Gordon dans « Ghost Whisperer ». J’ai décidé de faire de ce don une aide, je voulais pouvoir aider les gens, leurs fait comprendre que leurs proches dans le coma ou mort allaient bien. J’ai donc orienté mes études dans la médecine.