Vous connaissez pas mal de médecins légistes pas vrai? Du moins au travers de films et séries télé. Je vous arrête tout de suite, je ne suis absolument pas comme ça et mise à part mon professeur de tutorat je n'ai jamais croisé de médecin dans ce genre là. Nous ne nous maquillons pas à outrance, nous ne raffolons pas de la mort et nous ne sommes encore moins cynique et sans sentiment. Bien sûr la vue du sang, d'une chair en décomposition ou calcinée ne nous soulèvent pas le cœur mais ce n'est pas pour autant qu'une petite pensée ne leurs est pas adressé. Je veux que mon métier continu d'être humain je veux qu'une sensibilité subsiste même après cette soit-disant routine qui est censé s'installer dans notre travail. Chaque enquête est différente, chaque corps qui se retrouve étendu sur ses tables froides en inox est unique; tout comme son histoire. Je n'ai pu faire médecine générale car il a fallut que je paye mes études et une alternance à la morgue était le meilleur choix. Même si je ne sers pas les vivants directement j'aime me dire que quelque part je rends service à la communauté. Je pose une identité sur un visage sans trait, je peux dire de quoi est mort cet être sans vie qui continu pourtant à causer tant de peine à ceux qui l'ont aimés. Je suis important et je trouve cela valorisant alors ne me parlait pas de blague ou bizutage en relation avec ces cadavres. Je vire le premier qui agis de façon aussi irrespectueuse. Parfois je leur parle, surtout quand je les enferme dans ces frigos. Je ne sais pas si ils m'entendent mais mon métier est solitaire alors il est impossible que je ne cesse d'articuler des mots et poser des questions. Quand je dis que je travaille en solo ça a été le cas un petit bout de temps. Quand mon chef de service n'était pas là bien sûr ce qui arrivait bien plus souvent que les absences de mon partenaire attitré. Dorénavant je suis à la botte d'un petit enquêteur fouineur qui ne se détache plus de moi. Je le comprends peu traduire ses demandes et parfois même expliquer ses agissements fort curieux et discutable. Il n'est pas comme nous, il est déjanté. Cela m'a amusé un moment, chaque journée était différente et même revigorante, une bouffée d'air frai dans ce climat noyé sous le formole mais rapidement son comportement a fini de m'agacer. Il était trop pressant, toujours sur mon dos, il arrivait même que ses paroles et gestes entachent nos vies privées à chacun. Il met son nez absolument partout, il est insolant, il n'a que faire de mes menaces, il s'en amuse il est vraiment très difficile de l'effrayer ou de l'intimidé. Peut être que je ne fais pas le poids physiquement, peut être que son esprit for analytique m'a cerné au premier regard mais j'aimerai parfois qu'il me laisse gagner, rien que pour que mon ego puisse se reposer un peu sur ses lauriers.  Jun Hwa a une santé vraiment fragile, déjà parce qu'il ne prend pas soin de lui mais pas seulement. C'est un homme généreux qui se tue bien trop à la tâche, les autres passeront toujours avant lui et personne n'a encore réussi à lui faire ralentir le pas. Je passe régulièrement chez lui, souvent quand il m'appelle, toujours quand l'envie me vient. C'est surtout quand je ressens ce besoin de passer mes nerfs sur quelqu'un ,quand une de mes conquêtes me largue à cause de ce parfum d'éther que je trimbale à longueur de temps par exemple. Jun Hwa est le premier que je vais voir, parce qu'il est si facile de faire monter le ton entre nous. Nous aboyons si vite que ça me défrustre en un éclair mais je suis bien trop de mauvaise foi pour avouer que tout ça ne sert que de prétexte.

Jun Hwa je le vois comme un enfant, un enfant qui a besoin de posséder tous ses jouets, de façon exclusive. Je l'aime vraiment beaucoup, il me plaît mais je ne le connais que trop bien. Il est sympathique, attachant, parfois un peu candide mais il a cette double facette qui me fait oublier quelques fois qu'il n'est pas seulement ce grand idiot qui s'amuse plus qu'autre chose. A chaque fois que j'entre vois ce côté plus sombre de sa personnalité je peine réellement à courber l''échine il m'a habitué à ce conflit continu alors quand il tente de prendre le pas et de m'intimider..ça éclate.
Nous sommes différent, je ne peux faire autrement que passer de partenaire en partenaire, je ne sais pas si je lui ai déjà dit préférer les hommes aux femmes mais je crois que cela ne changerai rien entre nous. Jun Hwa je le critique beaucoup et m'acharne sur lui, mais en réalité une grande amitié nous unis, un lien si fort qu'il ne peut pas vraiment porter d'appellation précise.
En dehors du travail je suis un garçon assez fade, j'aime boire en solitaire, j'aime tenir proprement mon appartement, j'aime manger de la glace devant des séries romantiques et faire la cuisine. J'ai été élevé entouré de femme, mon père travaillant beaucoup à l'autre bout du pays. Ma sœur et ma mère m'ont toujours encouragé dans cette voie là, elles ont façonnaient l'homme que je suis aujourd'hui et je ne changerai pas ça. Je prends soin de mon apparence je me décolore même les cheveux petite pointe d'originalité visible. Je suis tatoué mais je l'ai fait de sorte à ce que personne ne puisse le voir sauf quand je le désire. Je n'ai une existence débridée que le soir venu, lorsqu'un certain temps de repos m'est accordé. Quand je sors en boite que je croise la route d'autres hommes je deviens alors celui que je devrais être à vingt-quatre ans sans trop de décadence non plus. J'aime le sexe, la débauche, j'aime qu'on me regarde et que l'on me trouve beau mais c'est un peu normal quand on a été vu prince toute son enfance?
 
La première fois que j'ai eu affaire à un être réveillé d'entre les morts c'était à ma seconde semaine au sein de l'institue. Il était tôt je devais me charger des stocks et c'est en me rendant à la pharmacie de la morgue que du bruit à attiré mon attention. Personne ne devait être là, alors ce fut avec appréhension que je m'approchai. Je cru bêtement qu'un sans abri s'était réfugié là pour trouver sa dose, je ne voulais pas croire que toutes ces histoires urbaines pouvaient être vraies. L'homme debout dos à moi qui retourner tout mes placards semblaient bel et bien humain, ses vêtements  n'étaient pas déchirés, le peu de peau que je voyais ne me semblait pas verdâtre..J'ai osé hausser le ton, prendre un air sévère mais c'est un regard sans expression et vide d'intérêt pour ma personne qui me fit face. Je fus très étonné de voir qu'un homme mort pouvait si facilement faire comprendre le fond de sa pensée. Il se moquait de mes menaces, il cherchait quelque chose et ma présence en plus de ne pas le décourager, ne le dérangeait même pas. Le formol coûte cher, de plus je me disais qu'en laissant agir l'un d'entre eux je n'allais plus pouvoir éviter que tous viennent ici se servir librement. Alors j'ai fait appelle à la sécurité, comme un lâche j'ai détourner le regard au moment ou cette créature a été sortie de la pharmacie. Je n'assumais plus mon geste, j'avais fait le serment de servir les vivants et j'avais empêché celui-ci de se nourrir.
Après ça je n'ai plus jamais revu ni cet homme ni d'autres de sa condition, et c'est tant mieux mais je suis bien plus vigilent qu'avant, par exemple je prends des douches avant de quitter les locaux pour diminuer cet odeur forte qui m’imprègne et dont ils raffolent tant. Je n'ai pas envie de me retrouver déchiqueté dans une ruelle..