Année 1989, un pari est lancé, le plus beau mec de l'école et ses amis se font des gageures, ils lancent comme défi, à l'idole de l'école, qu'il ne serait pas capable de séduire la fille la plus ringarde et la plus laide de l'école. Le beau mec, en voyant ce défi beaucoup trop facile et en sachant pertinemment que toutes les filles du bâtiment tombent en le voyant, accepte ce pari en disant que ce serait si facile qu'elle voudra même coucher avec lui. Chose aussitôt dite chose aussitôt faite, quelle conne d'accepter un rencard avec le gars qui le plus populaire de l'école, quelle conne de croire qu'il s'intéresse vraiment à elle, mais bon passons. Ils ont leurs rendez-vous, tout va bien tout va bien, mis à part une chose... Ils couchent ensemble. Oui oui, faire des choses étranges dans un lit, qui cette fois n'était pas un lit, mais une voiture, j'en ai la preuve, ils ont prise une photo. Photo prise, Don Juan prend la poudre d'escampette, laissant la pauvre fille au bout de ses peines.

C'est à peu près là où j'entre en scène, du point de vue physique, parce que figurez-vous que cette fille c'est ma mère et que le plus beau mec c'est mon père. Ouais, c'est ça, ce merdeux a foutu cette pauvre fille enceinte. Les premiers mois ne paraissaient pas, donc ma mère, ne voulant pas bousiller ses études, elle continuait d'aller à l'école, sans que personne ne sache qu'elle attendait une progéniture, mais bon, puisque la bedaine grossissait et que les maux de cœur empiraient, elle dut abandonner l'école. Résumé de l'histoire : 16 ans et enceinte d'un pauvre con qui fait craquer toutes les filles. Est-ce que ça parait que je n'aime pas cet homme? Je crois bien que oui. Passons.

Bon eh bien, elle grossit, je grossis, tout le monde prend du poids, je décide finalement de montrer ma bouille le premier avril 1990. Wow tout une farce cet enfant! Au début il est un défi, ensuite une blague, un oups et maintenant un poisson d'avril. Puisque ma mère ne veut absolument pas avoir de liens avec le père, elle décide de m'attribuer comme nom de famille : Moon. Tout le monde sait, ça veut dire lune en anglais. Puisqu'elle avait accouché pendant la nuit, elle trouvait que ce nom m'irait bien et qu'il serait représentatif. Pour continuer sur cette lancée Dak-Ho, mon prénom, veut dire ''lac profond'' en coréen. Wow, poisson d'avril, lune, lac profond, que de la poésie ! À première vue je semble bien méchant avec tout ce sarcasme, mais tout ce que je pense, il est bien rare que je le dise, sauf si ça rapport avec mon père. Je l'aime bien ma mère, ce n'est pas de sa faute et puis, c'est quand même très artistique comme nom, je crois que je tire ce jet d'art d'elle...

Pendant presque toute mon enfance, ma grand-mère m'a gardé, du plus loin que je me souvienne, ma mère accumulait les emplois à temps partiel pour subvenir aux besoins familiaux. Nous n'étions pas très riches en partant et avec un bébé sous le bras c'était encore bien pire. Puis, je devins plus grand, 5, 7,10,15 ans, plus je grandis et plus ma mère me dit que je lui ressemble. Génial, je suis une copie conforme à cet idiot. Je ne veux pas lui ressembler, j'ai donc tout fait pour être le contraire de cet homme. Je suis calme, je ne m'exprime pas de manière toute haute et j'essaye oui, j'essaye, de passer inaperçu. Chose difficile avec cette tronche. Le secondaire était bien, sans plus, je n'avais pas eu beaucoup d'amis et je dois dire que je ne m'en plaignais pas pour autant. Le Collège était aussi bien, j'ai eu quelques amis, mais avec ce qui m'est arrivé récemment, j'ai coupé les ponts. Lorsque j'ai fini mon Collège, j'ai eu mon diplôme en arts. Mon truc à moi c'était la photographie et l'animation. Je touchais beaucoup aux vidéos, je ne faisais pas de l'art plastique, j'étais plus médiatique. À 20 ans, je quittais mon chez moi, je disais un au revoir, qui s'est transformé en adieux, à ma mère pour essayer de faire carrière à Séoul. Blablabla, ça ne fonctionne pas et c'est ça.

Vient le jour Z

J'ai eu une mort assez subite, je dois l'avouer. Je ne me souviens plus des événements et comment ça s'est passé, mais tout ce dont je me souviens c'est de mon réveil. Il faisait noir, c'était froid, petit et l'espace était assez restreint. Quelque chose me gratte au bout du gros orteil et je n'aime pas ça. Je ne le cacherai pas, j'ai paniqué, j'ai crié, frappé et pleuré, lorsque j'ai compris où j'étais. J'étais dans une morgue et il y avait probablement des cadavres près de moi. Je ne sais pas combien de temps j'ai passé dans cet endroit, mais lorsque la porte de mon cercueil en acier inoxydable s'est ouverte, disons que j'en ai pleuré un coup. Lorsque je suis sorti de là, j'étais nu, seul un drap blanc me couvrait.  Lorsque j'ai remarqué mon torse, si seulement j'avais pu, j'aurais été malade. Toutes ces lacérations, ces points de suture et ces broches sur moi, j'avais subi une autopsie et ils n'y avaient pas été de main morte. Là encore, j'ai paniqué et je dois dire que l'infirmier n'était pas très rassurant. Il s'est avancé avec une aiguille et, le noir, je ne me souviens plus.

Je me suis réveillé dans une civière, les mains menottées, est-ce que j'étais fou? Peut-être. J'essayais de savoir ce qui se passait, mais personne ne me répondait. J'étais un parasite aux yeux de tous. Je remarquais même que tout le monde portait des masques sauf moi, étais-je contagieux? À en voir leurs apparence on dirait bien que oui. Au bout de quelques tentatives à savoir où j'étais sans succès, je lâchais prise et j'attendis. Je crois, que j'ai passé une nuit dans ce lit d’hôpital inconfortable et menotté. Le lendemain, disons que c'est le lendemain, des gens, non masqués, viennent me voir. Ils m'expliquent la situation. Je suis ... Un mort-vivant, chose de moins en moins rare ces temps-ci. Tout comme eux, je suis décédé, dans mon cas, par balle perdue, ils m'expliquent qu'ils doivent m'administrer un sérum qui empêcherait mon corps d'entrer en décomposition, que mon sang coagule et un truc en rapport avec mon cerveau ou je ne sais plus trop, je n'ai pas trop compris ce qu'ils ont dit mais disons que je n'avais pas trop le choix d'accepter ce sérum, si je ne voulais pas décomposer et sentir la charogne devant tout le monde... Ils m'aidaient à tout comprendre, du moins ce que je leurs ai laissé croire, et ils m'emportèrent chez moi, mon nouveau chez moi. Une famille d'accueil, qui comme moi, sont morts. J'ai un peu de difficultés à m'y faire, je ne les connais pas et...Un zombie ça mange quoi encore!? Vraiment... Ce poisson d'avril dure toute une vie...